Dieu a-t-il raté sa création?

Résumé du Mooc du Père Sendrez du 18.10.17

 Les remarques que m’ont inspirées ce MOOC sont en rose

 I La Genèse

Les trois premiers chapitres de la Genèse nous conte l’histoire de comment Dieu fait-il alliance avec sa création. Les chapitres un et deux sont le déroulé de l’histoire. Le chapitre trois est la chute, au sens du récit. La chute est l’histoire d’un raté. Le raté de la rencontre entre Dieu et l’homme. Le raté de l’homme à l’appel divin. On pourrait placer la responsabilité du côté d’Adam et Eve, les rebelles de l’histoire. Le serpent est aussi une créature. Le jardin était-il piégé ? Dieu a-t-il une part de responsabilité dans ce raté des origines ?

 

Dans le premier chapitre, le récit de la création, l’accent est mis sur le shabbat.

Dans le deuxième chapitre, est formulé un interdit. Le récit est centré sur l’éthique. Dieu donne à Adam et Eve, pour leur alimentation tous les arbres du jardin sauf un : l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. La prononciation d’un interdit incite Adam et Eve à répondre par la confiance ou la défiance : ce sera l’enjeu dramatique du chapitre trois.

Les chapitres un et deux donnent les repères de la situation originelle en face de Dieu. L’homme est la seule créature que Dieu façonne de ses propres mains dans un geste de tendresse. L’homme et la femme sont conviés à entrer dans une relation d’alliance et de confiance avec Dieu.

Ces trois chapitres sont l’introduction à toute la Bible. Ils nous ouvrent à la suite de toute cette histoire. Cet arbre de Vie.

A cette question du « que faisons-nous sur terre ? »

Martin Heidegger l’exprime de la manière suivante : « Serions-nous jeté dans l’existence ? «

Jacques Monod : »Serions-nous perdus dans une immensité vide et silencieuse ? »

La Bible répond par le mythe, le récit, un genre littéraire d’une force de suggestion inégalable.

Adam le glaiseux, le terreux, est le représentant de l’humanité toute entière. Dieu lui témoigne une tendresse particulière par rapport au reste de la création. Adam regarde vers la terre et vers Dieu, le ciel. Il y a à lire la Bible en perspective, là où les sens se répondent : le sens littéral, le sens allégorique, le sens moral, le sens anagogique (ce que nous devons espérer, il nous ouvre un avenir)

C’est sous l’horizon de la promesse que la Bible évoque le passé. Les chapitres un, deux et trois, constituent le mythe fondateur. La Bible ne fait pas de l’histoire comme une histoire. Elle témoigne de l’action de Dieu. Le mythe a une plus grande puissance de suggestion que le texte spéculatif. « Le mythe est inépuisable, car il nous donne à penser » dit Paul Ricoeur. La Genèse est un récit historique, qui nous parle de notre histoire, et non de l’histoire au sens d’un manuel.

La tradition nous parle d’une chute. Ce récit est peu repris dans la Bible hébraïque. Judaïsme et christianisme ne rapporte pas de la même manière la question du mal à Dieu. La Kabbale médiévale conçoit des substances divines, émanations de Dieu. Elle présente une anatomie divine gigantesque, la main gauche de Dieu est l’origine du mal terrestre.

Dans le nouveau testament, Jean nous dit dans sa première épitre : « Dieu est lumière, en lui point de ténèbres ». Il n’est pas possible de comprendre la doctrine du péché originel sans se référer au Christ.

 

Dans ce commentaire de la Genèse, à aucun moment il n’est question d’Eve. Adam seul, Adam le glaiseux, sa racine hébraïque, est le représentant de l’humanité.

Que se passe-t-il lorsque je regarde Eve, dont la racine hébraïque est VAV ? Que signifie VAV ? Au même titre qu’Adam signifie la glaise, la terre, VAV symbolise la création, l’union, la fécondation qui entraîne la naissance. VAV représente ce qui lie, unifie. Graphiquement la lettre est un crochet qui n’est pas sans rappeler un spermatozoïde. Ce crochet est signe d’équilibre, d’initiative par l’épreuve, par la discrimination entre le bien et le mal. Ainsi VAV est l’ensemble équilibrant des lois des causes à effets, qui dirigent la nature.

Que serait l’humanité réduite à Adam, la terre, sans Eve, la fécondation qui entraîne la naissance, les fruits de la Vie ? Une terre aride. La force du mythe, de sa rédaction, est que nous y sommes toujours enfermés. Il suffit de regarder l’état de la terre : l’aridité, là où rien ne pousse, gagne de jour en jour. Une terre sans amour. Une terre où la femme est asservie à l’homme seul représentant de l’humanité. Dans une nature où la Vie passe par une rencontre sexuée, Dieu aurait choisi, un seul sexe, l’homme et lui seul, pour transmettre la Vie. Les rédacteurs de la Genèse, vers 1500 av J.C. seraient-ils pétris de patriarcat pour oblitérer le rôle de la femme dans le processus de la Vie ?

 II Au commencement

1 Création et commencement : fixer le cadre de l’alliance

La Genèse nous conte nos origines. J’existe en fonction de mes origines. Pourquoi ce récit d’une chute ? Pourquoi serions-nous déchus. Cette déchéance fait-elle partie de cette origine ? D’un côté, il y a la bonté originelle, et de l’autre, le péché originel. Dans la Bible il y a plusieurs visions du monde et plusieurs visions de comment je regarde Dieu. Voir Psaume 8, Ecclésiaste : chap.3, versets 19 à 22. Dans Qohelet, l’autre nom de l’Ecclésiaste, le sort de la Bête et celui de l’homme sont identiques.

Jésus est une vision renouvelée de Dieu dans laquelle est inclus le péché originel

2 Parler des origines : savoir d’où l’on vient, et savoir où l’on va.

Adam et Eve sont chassés du paradis, ce qui aura pour conséquence la baisse de la qualité de leur relation avec Dieu. Les intermédiaires apparaissent : les Anges, puis les prophètes. Le péché rend opaque la lumière de la présence de Dieu dans sa création. C’est aussi la relation homme femme l’un avec l’autre, et leur relation avec la nature. Il y a une dégradation de tout cet ensemble de relations fondamentales qui blesse l’homme. Cette dégradation se manifeste avec Caïn et Abel, le fratricide, le Déluge, Babel, le langage brouillé, perverti, Sodome et Gomorrhe, et au moment d’Abraham. Dieu fait tout très bien, l’homme pêche, le péché de l’homme se retourne contre lui et échappe à son contrôle. Ses conséquences sont excessives. Dieu est obligé d’intervenir. Il va y avoir une fin à cette répétition, une résolution : Noé, Abraham.

Avec Noé, Dieu va répondre à ce dérapage de la création dans le mal par une action de tout recommencer à partir de zéro. L’histoire suivra son cours. Dans le désintérêt de Dieu ? Non. Abraham. Dieu élit Abraham, l’appelle. Le salut passera dans la descendance d’Abraham, dans l’alliance de Dieu avec Abraham.

Avec Jésus Christ il y a divinisation de l’homme. La familiarité avec Dieu est restaurée.

3 Création et péché originel : comprendre l’origine à partir de la fin.

Dans l’épitre aux romains de St Paul, chapitre 3, le salut est requalifié au travers de l’évènement Jésus. Le salut consiste à être habité par l’esprit Saint et non de s’asperger du sang d’un animal sacrifié.

Evangile de St jean chapitre 3 verset 16

Le sacrifice choisi du Christ se différencie du sacrifice passif de l’animal. Le Christ va vers la croix dans un mouvement de double solidarité : amour pour les hommes, à qui il pardonne, et obéissance à Dieu, au père qui veut sauver l’humanité. La supériorité de Dieu sur l’homme est affirmée.

« Où le péché s’est multiplié, la Grâce a surabondé »

En quoi consiste la Grâce ? Le don de l’esprit saint. La croix dénonce la gravité du péché et elle sauve ce monde aimé de Dieu par le don de l’esprit saint. Les sacrifices sanglants d’animaux sont remplacés par le baptême. Nous sommes inclus dans le destin du Christ, un destin de mort et de résurrection.

Le don : c’est celui de la vie du Christ

La faute : le péché originel

Le don n’est pas équivalent à la faute. Le sacrifice de la croix est nettement supérieur, car il est le fait du Messie, de son identité. Jésus Christ est l’unique sauveur pour l’humanité. Il est le nouvel Adam capable de rétablir l’humanité en la ramenant au père.

III Interprétation

1 Saint Augustin

C’est à lui que l’on doit l’expression même de péché originel. L’idée est d’origine juive, reprise par Paul, abandonné par le judaïsme rabbinique après la destruction du temple. Paul en reprenant cette idée juive l’a reconfigurée à partir de l’évènement Jésus Christ.

Paul ne convoque pas Adam. La dynamique de Paul dans épitre aux Romains V, convoque l’excès de salut et de miséricorde du Christ. Adam est convoqué à partir de Jésus. St Augustin donne un grand déploiement à la doctrine du péché originel au 4 et 5° siècle, à partir de sa polémique avec Pélage, son contemporain britannique. Pour Pélage Jésus n’est pas un sauveur, mais un modèle moral exigent. Pour Pélage, l’homme protégé des mauvais exemples, pourrait ne pas pécher. L’homme de par sa nature peut se comporter de panière parfaitement juste qui plaise à Dieu. Pour Pélage la grâce indique ce qu’il faut faire, elle vient de l’extérieur, alors que pour St Augustin, l’aide que Dieu apporte à l’homme est insufflée. Elle est intérieure, elle coopère à l’agir de l’homme qui par ses seules forces ne pourrait plaire à Dieu. L’amour nous a été insufflé par l’Esprit Saint. La grâce n’est pas pour Pélage une transformation opérée par Dieu lui-même. Pélage nie que le baptême des petits enfants soit d’une véritable efficacité. Pour St Augustin, Jésus est l’unique sauveur.

L’Eglise n’accueillera pas le lien que fait St Augustin entre la libido et le péché originel. Elle n’accueillera pas non plus sa doctrine de la prédestination, selon laquelle la grâce de Dieu ne serait pas donnée à tous les hommes. Elle n’accueillera pas son pessimisme quand au péché originel et ses conséquences sur la liberté humaine. L’histoire s’est inaugurée comme une histoire du « Non » à Dieu, de la désobéissance à Dieu, alors qu’elle devait être une histoire du « Oui » à Dieu.

2 Luther

Grand interprète de St Augustin et de la doctrine du péché originel. Le protestantisme est un courant d’un profond renouveau évangélique qui bénéficiera à l’Eglise catholique. Luther entre en 1505 chez les ermites de St Augustin à Erfurt. Moine zélé, angoissé, inquiet, il ne ressent pas les effets de l’état de grâce, de la recherche d’une relation d’amitié avec Dieu. Luther s’efforce d’atteindre l’état de grâce à coups de prières, de veillées, il n’en ressent aucun apaisement. Il va se croire damné. L’apaisement viendra de sa lecture de l’épître aux romains de St Paul. Il va comprendre que la justice de Dieu fait œuvre de miséricorde. L’opposition chez Paul entre la loi et les prescriptions de la Torah et la foi deviendra chez Luther, une opposition entre les œuvres et la foi. Les œuvres seront pour Luther, non pas des prescriptions de la Loi, mais des œuvres de piété qu’ils avaient pratiquées.

Le pape Léon X met en pratique les indulgences afin de financer la construction coûteuse de la basilique St Pierre de Rome. Cette pratique va choquer Luther. Il lui reproche de faire aux chrétiens qu’ils peuvent racheter leur salut, ce qui est faux. Il va écrire en 1517 à Wittenberg les 95 thèses, publiés, qui appellent à un débat théologique au sujet des indulgences. Le débat est repris par l’opinion publique allemande qui vit très mal cette pratique. Elle est perçue comme un impôt romain déguisé et imposé aux populations germaniques. Le débat échappe à Luther, devient ecclésiologique. Luther s’est opposé à l’autorité pontificale, mais en fait son propos est de dire que l’on est sauvé par la foi indépendamment des œuvres.

Luther identifie : la tentation, la concupiscence et la convoitise, avec le péché lui même. Pour le concile de Trente la concupiscence incline au péché et n’est pas le péché lui-même. Pour Luther, malgré le baptême, l’homme est radicalement perverti par le péché originel. L’homme est l’ennemi de Dieu. Le péché est un état qui le sépare de Dieu. L’homme est la fois péché et juste : pêcheur car divisé intérieurement par ses convoitises. Plus un homme est sain, juste, plus sa sensibilité spirituelle lui fait se rendre compte de la distance qui le sépare de la sainteté de Dieu. L’homme est un pécheur en voie de guérison. Pour Luther le Christ n’est pas la vérité ultime accueillant toutes la vérités partielles pour leur donner un accomplissement. Pour les catholiques la création n’est pas entièrement ruinée par le péché originel, elle continue à nous dire quelque chose du créateur. Pour le catholicisme, il y a aussi la douceur de l’incarnation, la lumière de la résurrection. L’acquis de Luther est la relation personnelle de l’homme avec Dieu. Le catholicisme refuse le pessimisme de Luther. L’homme est voulu par Dieu dans la perspective du Christ. Il est l’alliance entre l’homme et Dieu, à la fois homme et Dieu.

3 Le concile de Trente

Le concile sur le péché originel qui s’étend de 1545 à 1563.

Le grand schisme de l’église est le pape en Avignon de 1378 à 1417.

En 1541 accord de Ratisbonne entre Réformateurs et Catholiques.

Pour les luthériens : le baptême n’enlève pas le péché originel

Pour les catholiques : le baptême retire le péché originel, il change l’être.

Après le baptême, la concupiscence n’est plus un péché. Le péché originel n’a en aucun cas valeur de faute personnelle.

IV éléments dogmatiques : le baptême

1 Le baptême enlève totalement le péché originel

Les conséquences du péché originel, la chute, la pénibilité du travail, l’enfantement dans la douleur, et lutte des sexes sont effacées par le baptême.

2 La concupiscence n’est pas un péché

La concupiscence est un vif désir, un désir ardent des biens de ce monde. La concupiscence se démarque de la sexualité et de la libido.

Pour chaque humain c’est un défi d’intégrer ses pulsions, ses attentes. Nous sommes invités à vivre pleinement nos actes et nos dires. C’est la concupiscence qui donne à la maturité la dimension d’un combat, d’une lutte pour la spiritualité. La concupiscence incline au péché, et crée une division intérieure. Nous arrivons en ce monde avec cette histoire du péché originel qui ne nous concerne pas individuellement, nous la trouvons en arrivant en ce monde. Le péché originel qui est aussi le péché du monde. J’arrive en ce monde Co déterminé par la faute d’autrui. Je suis libre mais ma liberté est blessée par le péché originel, la faute d’autrui. Il ne s’agit pas seulement d’un mauvais environnement, car je peux m’y soustraire, ni de mauvais exemples, je peux m’y soustraire également, il s’agit d’une blessure intime qui me rend étranger à moi-même, qui me rend difficile la compréhension de moi-même, et ma capacité à faire des choix. Le péché originel ne se transmet pas de l’extérieur par imitation, mais par propagation héréditaire. C’est ce que nous dit le concile de Trente. Le remède c’est la grâce du Christ. Paul parle d’une division intérieure qui vient du cœur, du cœur enténébré. Le péché originel est l’universalité de la condition humaine. La loi du Christ : la grâce, l’amour, affranchit du péché originel. Paul dit : « Nous vivons pour le Christ »

3 Le péché originel est-il un péché ?

Le péché originel n’a aucun caractère personnel en aucun descendant d’Adam. Le péché originel concerne Adam seul. Nous sommes solidaires d’une histoire humaine, d’une blessure. Il ne faut pas biologiser le péché originel.

Nous naissons avec le besoin d’être sauvé par le Christ.

V Eléments dogmatiques : le rapport péché : mort

1 Le concile de Trente s’inspire des conciles de Carthage et d’Orange, très anciens datant du 5°siècle.

L’homme aurait été soustrait à la mort s’il n’avait pas péché nous dit le concile de Trente ce qui est différent de dire qu’il n’a pas été créé mortel. La mort est à la fois la conséquence du péché et elle aussi naturelle. Avec le baptême elle devient mort avec le Christ. Pour l’église on ne meurt qu’une fois, il n’y a pas de réincarnation.« Par un seul homme le péché est entré dans le monde » dit l’Apôtre, et par conséquent la mort. Le lien entre le péché et la mort, l’âme et le corps.

L’enfant est héritier de cette mort de l’âme qui est le péché alors même qu’il n’a pas commis de péché, de faute personnelle.

2 Le catéchisme

Le Concile de Vatican II (1962-1965)

L’objet de ce concile est de montrer la lumière incarnée, le mystère de l’homme se révèle dans le mystère du verbe incarné.

3 La mort

Mourir est un passage pour aller avec lui vers le père.

VI Péché originel-originant

1 Peut-on lire le mythe comme un livre d’histoire ?

Le péché originel est une blessure en nous-même qui nous divise, nous éloigne de nous-même, cette blessure s’appelle concupiscence.

La blessure, le péché originel est la concupiscence du NON à Dieu d’Adam qui a désobéi à Dieu. Le récit biblique, Genèse 1, 2 et 3, décrit le passage de l’animal à l’homme. L’homme sort de l’animalité. C’est un récit qui inaugure l’Histoire.

2 Péché-mort : l’homme devait-il mourir ?

L’homme se regarde dans le monde et se regarde dans l’autre. La transcendance se joue dans le regard. Le monde et l’autre sont le miroir de moi-même. Le regard de l’homme est biaisé dans le jardin d’Eden. L’homme au lieu de regarder ce qui lui est offert, la profusion du jardin d’Eden, regarde le manque induit par le serpent. Le regard biaisé, la convoitise, la dissimulation (Adam et Eve se cachent l’un à l’autre, manifestent de la défiance l’un envers l’autre et au regard de Dieu).

Nous naissons dans le regard d’Adam, et non dans le regard de nos parents.

A partir du péché originel, notre regard sur le monde, l’autre et nous-même, a changé.

3 Alliance et ombres : le projet de Dieu et le péché du monde

Jésus est l’homme accompli. L’humanité est une communauté d’actions et de passions qui nécessite une morale.

VII Adam et le Christ ou le Christ et Adam ?

1 Adam a-t-il existé ?

L’histoire, c’est la communauté humaine qui la fait. Une communauté d’acteurs et de passions qui implique un sens moral du bien et du mal. Cette notion de bien et de mal est l’histoire de cette relation de confiance avec Dieu. Dieu a interdit à Adam et Eve de manger du fruit de l’arbre du milieu. Le péché originel-originant, est la racine de l’histoire. Adam et Eve ne sont pas tout à fait entrés dans l’histoire, ils y seront quand ils seront chassés du jardin. Cet Eden est ce moment, pas tout à fait de l’ordre de l’histoire, parce que il est ce qui inaugure l’histoire, ce qui est sa racine. Nous avons été chassés en un état pire : nous sommes passés d’un état heureux à un été dégradé. Ce changement en un état pire est une dénonciation de l’unique état historiquement réalisé de l’humanité dès le départ, dénoncé comme contraire au projet divin. Ce péché originel originant est inaugural et non le plus grave de l’histoire de l’humanité. Juste après le départ du jardin d’Eden, un péché plus grave est commis : le meurtre d’Abel par son frère Caïn. Le péché originel est une faute racine, une faute radicale : la défiance fondamentale de l’homme vis à vis de Dieu.

Adam et Eve désignent ensemble, l’humanité à sa naissance.

Le péché originel est notre privation de la grâce. Comment Dieu va-t-il s’y prendre pour maintenir sa relation d’alliance avec l’homme ?

2 Le Christ : nouvel Adam

Amen : signifie l’adhésion à ce qui vient d’être dit. L’amen est le consentement du fils à l’égard du père. Le Christ comme Amen. Le Christ est celui qui dit Oui à Dieu et qui set aussi le Oui à notre humanité. Les condamnés à mort sont maudits, Jésus pendu à la croix en principe, il aurait du être maudit. Paradoxalement par cette malédiction est rendue efficace la bénédiction déposée en Abraham (genèse 12-3).

Cet amen, ce oui à Dieu, qui nous sauve, n’a pas inauguré notre histoire. Adam n’est pas celui qui a prononcé cet Amen. C’est le Christ. Le Christ qui l’a dit, et qui l’a été par sa personne même.

3 Fils d’Adam, fils de Dieu Péché originel- originé

Nous sommes unis avec le Christ dans le baptême. C’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême et come lui nous ressusciterons d’entre les morts. La mort efface le péché originel. Le Christ est mort au péché et vivant par Dieu.

L’église est la communauté des sauvés en Dieu. Choisir le Christ et l’église, est un choix moral. Choisir le Christ et non Satan et l’argent est un choix moral. « Le monde qui gît au pouvoir du mauvais » comme dit St Jean. Choisir le Christ c’est le recevoir, bénéficier de sa vie, communier à sa vie, être vivifié de sa vie. C’et ce qui se passe durant le baptême. Le baptisé est interrogé :

« Acceptes-tu de renoncer à Satan, à ce qui conduit au péché ?

Acceptes-tu de choisir le Christ ? »

Le baptême est un engagement et aussi la communication de cette vie en Christ, nous sommes greffés en lui. « Nous mourrons avec lui pour ressusciter avec lui » St Paul. La vie ne vient pas de nous, mais du Christ lui-même. Après le baptême, nous gardons des séquelles du péché origine, d’un monde divisé. Le monde est divisé et nous le sommes aussi intérieurement. Mais pour les baptisés il n’y a plus de condamnations. Si notre cœur nous accuse, le cœur de Dieu est plus grand. L’amour parfait chasse la crainte.

Le thème de l’appartenance au Christ est développé par les auteurs pauliniens :

-être du Christ

-être au Christ

-vivre en lui

-être un membre de son corps

-communier à son corps et son sang

-être fiancé au Christ

C’est le thème du lien fœtal à la mère : être de la mère, être à la mère, vivre en elle, être un membre de son corps, communier à son corps et son sang. Cette appartenance à la mère entraîne le monde. Les auteurs, commentateurs du Christ en on fait une figure maternelle. Le Christ réunit les deux figures mâle et femelle, fils de Dieu et mère universelle. Nous sommes passés des origines de l’humanité représentée par Adam et Eve, deux humains de sexe opposé, au Christ, le Sauveur, l’Un, l’unique, celui qui efface le péché du monde, un humain de sexe mâle. La figure féminine qui l’accompagnait, Marie Madeleine, est reléguée au second plan, dévalorisée. La figure de Marie la mère de Jésus est présente, ses qualités maternelles sont attribuées à Jésus. Il s’agit d’appartenir au Christ et non à Marie. Ce qui est à l’inverse de la réalité de la nature. Le féminin est gommé. La puissance biologique de la femme attribuée au Christ.

Cette appartenance entraîne le monde. Le monde n’est pas mauvais, il a été soumis au mystère du mal. Le baptême nous restitue dans notre situation originelle. Nous sommes placés au cœur du monde. Notre place est restaurée, nous pouvons achever l’acte créateur en tournant toute chose de ce monde vers Dieu. En étant au milieu de ce monde dans les prémisses d’un salut que le monde entier attend lui-même. « Toute la création gémit en travail d’enfantement » nous dit St Paul dans l’épître aux Romains. Le Christ nous appelle, nous fils d’Adam et Eve, à devenir fils de Dieu. Cet appel doit provoquer un déplacement, le choix de privilégier l’une de nos appartenances : celle au Christ. Ce choix transfère l’autre appartenance, celle au monde, à Adam et Eve. Appartenir au Christ nous concerne individuellement et entraîne le cosmos tout entier.

Le péché originel-originant, regardait Adam, en tant que c’était sa faute personnelle, il nous regarde nous aussi en tant que ce péché est lié à nos origines.

Le péché originel-originé : est la masse des péchés accumulés jusqu’à nous, c’est notre ratification du péché originel originant par notre propre faute. Nous sommes fils d’Adam par la naissance, nous sommes appelés à devenir fils de Dieu par le baptême et par notre conversion. Le chrétien dit oui au Christ par le baptême et le geste eucharistique. Dans cet amen, il entraîne le monde entier, le cosmos tout entier.

 VIII LE MAL

1 Le mal et les maux

Le mal nous lèse, nous brime, nous diminue, nous appauvrit, nous prive.

Il est du côté du manque.

Il y a Mal, quand il y a « privation d’être » dit le cardinal Journé. Le Mal a un pouvoir, il est efficace. L’intelligence du Mal, l’homme est habile à nuire et le monde collabore à cela dans une sorte d’arrogance démoniaque.

Le serpent est le symbole du Mal, le Mal associé à un prédateur qui veut notre perte.

Le serpent est le symbole de la Vie, de la Kundalini, de l’énergie sexuelle, c’est le symbole du corps médical, de la guérison.

2 L’énigme est plus féconde que l’explication

Qui est responsable du Mal dans l’existence? Ce n’est pas Dieu. Il n’y a pas d’anti Dieu, de Dieu du Mal. Avec le serpent, l’homme est plus victime que coupable. Il n’est pas responsable.

Dans la Bible existent plusieurs tentatives d’explications :

Une hypothèse est que c’est la faute des parents, que le Mal est lié à l’hérédité dans le livre de l’exode, 20, 4-6.

Dans le Deutéronome 24,16 et dans Jérémie, 31, 29-30, l’hérédité est niée.

L’idée d’une faute commise par les parents et transmise par eux est niée

Une autre hypothèse avance que c’est la faute de l’enfant.

Pour les disciples du Christ dans Ex 20, 4-6, l’hypothèse est posée d’une faute morale antérieure à l’existence de la personne touchée par le mal, ou d’une faute de ses parents. Le mal serait donc héréditaire. Jésus fait voler en éclats, dans la guérison de l’aveugle, cette hypothèse : « ni lui, ni ses parents ». Rien ne peut justifier le Mal. Jésus ne répond pas au mal par une théorie, celle de la double hypothèse de ses disciples, il y répond par un agir : un miracle. Il va guérir l’aveugle de naissance. Dieu est présent dans l’agir du Christ.

3 Théodicée : Dieu convoqué devant notre tribunal

Pourquoi Dieu a-t-il voulu le serpent ?

Pour Leibniz le monde est parfait, toutes les conditions sont requises pour qu’il y ait un présent. Le monde présent est celui qui réalise le meilleur équilibre entre toutes les contraintes nécessaires pour avoir un monde. Les ombres ne sont pas des défauts, mais sont des contrastes, comme dans un tableau, et en souligne, magnifie la beauté. Il y a beaucoup de détracteurs comme Dostoïevski dans les Frères Karamazov, le mal est un excès et ne participe à l’harmonie du monde. Le mal est une énigme et cette énigme a un signe qui dénonce la mal comme scandale et le transfigure comme salut : la croix.

IX Le Christ au centre de l’histoire

1 Ténèbres et lumière : aux origines

L’homme accompli est source de lumière. C’est à travers lui que nous comprenons notre propre mystère.

2 Le Christ lumière venue dans le monde

Cette histoire du d’Adam et Eve et du péché trouve sa résolution dans le Christ qui efface le péché du monde.

3 Le mystère de la Croix

Qu’est-ce qui le Christ a changé dans notre vie ?

Le lieu de nos blessures devient le lieu de la grâce, du salut, de la divinisation.

X Le fruit était-il défendu ?

1 La vertu n’est pas fille de l’ignorance

L’adulte est celui qui s’obéit à lui-même

La responsabilité humaine est de savoir faire preuve de prudence, de ne pas mettre en œuvre ce qu’on sait théoriquement être nuisible

L’arbre de vie a été mis là. Dieu indique qu’il est défendu d’y toucher. L’homme a voulu faire l’expérience de l’interdit. Il ne s’en est pas tenu à l’esprit théorique d’un être supérieur sachant mieux que lui.

2 L’arbre de vie

C’est bien parce qu’il y a un interdit que l’homme peut répondre en faisant confiance, obéir, ou bien se défier et désobéir. A cet homme chassé du paradis, Dieu lui indiquera, un peu plus loin avec Moïse dans un mouvement inverse, la Terre promise, le nouvel Eden. Après avoir été chassés, les humains sont invités par Dieu à prendre possession de la Terre promise. Une partie des humains seulement : le peuple élu.

Dans les livres de la Sagesse, le fruit défendu, retiré par Dieu, leur a été rendu sous forme de Loi sur la montagne sainte. Les fruits de l’arbre de vie sont identifiées à la sagesse, c’est à dire : la Loi : elle permet de recevoir la vie en abondance. Jésus est l’arbre de Vie nouveau.

3 L’Eucharistie

Jésus est le fruit de l’arbre de Vie. L’arbre du paradis et la croix sont issus du même matériau : le bois. Dans un cas : l’arbre du vie défendu donne la mort et dans l’autre, la croix donne la Vie.

L’arbre de vie du fruit défendu, Satan s’en sert pour tromper l’homme. La croix sera la défaite de Satan.

L’arbre de Vie portait un fruit défendu, l’arbre est devenu lui-même défendu suite à la désobéissance d’Adam et Eve. Le banquet eucharistique, boire et manger le corps du Christ, nous y sommes invités, c’est autorisé. Les paroles de consécration de l’Eucharistie : « Prenez, mangez, buvez car ceci est mon corps ».

Dans le jardin d’Eden, la prescription de Dieu : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres, mais de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal, tu ne mangeras point, car le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort. »

Evangile St Jean chap.6 V.54 La réponse du Christ

« Qui mange ma chair et bois mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour ».

La croix est le nouvel arbre de Vie, le fruit n’est plus défendu comme en genèse 2, mais au contraire, il est offert. Ce fruit c’est le corps sacramentel du Christ.

Renversement de situation qui procure le salut. Ce que l’on voit dans le baptême qui est aussi un renversement de situation. La baptisé ne provient plus seulement de ce monde blessé par le péché originel, il est membre du corps du Christ, il est réintégré dans l’Eglise et non dans l’Eden, l’Eglise qui le corps du Christ.

Ce renversement de situation en quoi consiste le Salut, est attesté dans l’épître aux Galates, chap.3, vers.13-14 : « Le Christ nous a racheté de cette malédiction de la loi devenu lui-même malédiction pour nous, car il est dit : »Maudit qui pend au gibet », afin qu’aux païens passe dans le Christ la bénédiction d’Abraham et que par la foi nous recevions l’esprit de la promesse. »

Le Christ a été condamné, exécuté, pendu au gibet, à la potence et il tombe sous le coup de cette malédiction du Deutéronome 21-23.

Et pourtant je Christ est innocent, le fils de Dieu. Il y a dans la crucifixion un courant qui neutralise la loi de l’épître aux Galates. Le Christ a pris la place des pêcheurs. La loi qui le maudit est donc neutralisée parce qu’il est l’innocent, le juste. La loi n’est plus l’organe qui nous permet de connaître Dieu, désormais c’est le Christ qui nous apporte la connaissance de Dieu. C’est en Christ que nous sommes capables de plaire à Dieu.

C’est là qu’est la rupture entre christianisme et judaïsme. Dans le judaïsme c’est la Loi qui permet l’accès à Dieu, dans le christianisme, Jésus est l’intercesseur avec Dieu.

Dans le nouvel ordre instauré par Dieu (créé par les humains à leur image) la Vie, le fruit défendu, le fruit fendu, le sexe, la jouissance, c’est la mort et la croix, le supplice, la souffrance, la mort c’est la Vie. C’est bien ce qui est à l’œuvre sur terre ; une Vie de souffrance où l’humain répand la mort sur toute la planète. Nous marchons à l’envers de la Vie. Cette marche à rebours du Vivant est inscrite dans les textes religieux fondateurs. D’où notre difficulté en tant qu’humain à sortir de cette logique qui imprègne notre inconscient depuis des millénaires.